Même si le bailleur semble tolérer la situation pendant des mois, voire des années, il conserve le droit d'agir. Le risque majeur est qu'il demande en justice la résiliation du bail à vos torts exclusifs.
Concrètement, cela signifie :
Si votre bail contient une clause résolutoire visant le non-respect de la destination, le bailleur peut simplement la faire constater par un juge, rendant la sanction quasi-automatique. La jurisprudence confirme qu'une activité non autorisée est un manquement grave justifiant la résiliation, même sans mise en demeure préalable si le changement est irréversible (CA Paris, Pôle 5, ch. 3, 14 sept. 2016).
Pour que le changement d'activité soit validé, la simple passivité du bailleur ne suffit jamais. La justice exige une acceptation "non équivoque" de sa part. Cela signifie qu'il doit avoir posé un acte positif montrant clairement et sans le moindre doute son intention d'accepter la nouvelle activité (par exemple, un avenant au bail, même verbal s'il peut être prouvé, ou un courrier l'acceptant explicitement).
Les tribunaux répètent cette règle depuis des décennies :
"La simple attitude passive du bailleur, son silence, sa tolérance, ou encore la connaissance de la situation par les bailleurs précédents, ne peut caractériser l'accord du bailleur pour une modification de la destination des lieux" (Cour de cassation, 3e ch. civile, 5 juin 2002 et 3 février 2009).
Même des bailleurs habitant au-dessus du local et ayant donc une connaissance parfaite de l'activité de restauration non autorisée ne sont pas considérés comme ayant renoncé à leur droit de s'en prévaloir (Civ. 3e, 5 juin 2002, n° 00-20.348).
En clair : le silence du bailleur ne crée aucun droit pour le locataire.
Vous êtes dans cette situation ?
L'épée de Damoclès peut tomber à tout moment, notamment à l'approche du renouvellement du bail. N'attendez pas qu'il soit trop tard.
➡️ Évaluez votre situation via notre formulaireEn plus de la résiliation, exercer une activité non autorisée vous expose à d'autres sanctions redoutables :
À la fin du bail, le bailleur peut vous notifier un refus de renouvellement pour motif grave et légitime, comme prévu à l'article L. 145-17 du Code de commerce. Le non-respect de la destination en est le parfait exemple. Vous perdez alors votre droit au renouvellement et votre droit à l'indemnité d'éviction, qui est pourtant le pilier protecteur du statut des baux commerciaux.
C'est un piège particulièrement pervers. Le bailleur peut aussi décider de "régulariser" la situation à son avantage. Au moment du renouvellement, il peut accepter la nouvelle activité que vous exercez de fait, et s'en servir comme argument pour déplafonner le loyer, c'est-à-dire l'augmenter à la valeur de marché, qui sera souvent bien plus élevée. Votre propre infraction se retourne contre vous.
Votre Infraction | L'Attitude du Bailleur | Vos Risques Potentiels | Base Légale Principale |
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Exercice d'une activité non prévue au bail. | Tolérance, passivité, silence. |
1. Résiliation du bail / Expulsion 2. Refus de renouvellement sans indemnité 3. Déplafonnement du loyer |
Art. 1728 C. civ, Art. L.145-17 C. com., Jurisprudence constante. |
La tolérance du bailleur n'a aucune valeur juridique et crée un faux sentiment de sécurité. Le risque de perdre votre bail et votre fonds de commerce est permanent. La seule manière de vous protéger est d'obtenir un accord écrit, clair et explicite du propriétaire, idéalement sous la forme d'un avenant à votre bail commercial. Si le bailleur refuse, la seule voie sécurisée est d'engager une procédure de déspécialisation.
Un simple courrier bien placé ou une régularisation mal négociée peut avoir des conséquences désastreuses. Sécurisez votre activité dès maintenant.
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