Le mécanisme de l'article L. 145-47 du Code de commerce est subtil et crucial. Le locataire ne sollicite pas l'accord du bailleur ; il lui notifie son "intention" d'adjoindre une activité. C'est donc bien une procédure d'information, qui a pour effet de faire courir un délai de réponse pour le bailleur.
Le texte précise que cette notification "vaut mise en demeure du propriétaire de faire connaître dans un délai de deux mois [...] s'il conteste le caractère connexe ou complémentaire de ces activités". Le locataire prend l'initiative, et le silence du bailleur vaudra acceptation.
Pour que cette procédure soit efficace, un formalisme strict doit être respecté.
Le locataire doit impérativement notifier son projet au bailleur par :
Cette notification doit, à peine de nullité, indiquer précisément "les activités dont l'exercice est envisagé", comme l'impose l'article L. 145-47, alinéa 2 du Code de commerce.
À compter de la réception de cette notification, le bailleur dispose d'un délai de deux mois pour contester. Passé ce délai, il est déchu de son droit de s'opposer, et le locataire peut légalement démarrer sa nouvelle activité. La Cour de cassation l'a confirmé sans ambiguïté : en l'absence de contestation dans le délai, l'extension d'activité est acquise de plein droit (Cass. 3e civ., 1er mars 1995, n° 93-16.062).
En cas d'opposition : Le bailleur doit manifester son refus de manière non équivoque. La forme de cette opposition est libre (lettre simple, LRAR, etc.), comme l'a jugé la Cour de cassation (Cass. 3e civ., 9 fév. 2017, n° 15-28.759). Fait important : le bailleur n'est pas tenu de motiver son opposition dans son courrier. Sa seule contestation suffit à enclencher un litige potentiel (Cass. 3e civ., 27 sept. 2006, n° 05-17.202). Si le bailleur s'oppose, le locataire devra alors saisir le tribunal judiciaire pour faire trancher la question.
En cas de silence : L'absence de réponse dans le délai de deux mois vaut acceptation tacite. Le locataire est libre d'exercer la nouvelle activité.
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Le bailleur ne peut contester la demande que sur un seul terrain : le caractère non "connexe ou complémentaire" de l'activité. Il ne peut pas, par exemple, invoquer une clause de non-concurrence présente dans le bail ou consentie à un autre locataire pour faire échec à la demande (Cass. 3e civ., 15 fév. 2012, n° 11-17.213).
Étape | Acteur | Action & Formalisme | Délai | Conséquence |
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1. Notification | Locataire | Envoi d'une LRAR ou d'un acte d'huissier précisant les activités. | N/A | Fait courir le délai de 2 mois pour le bailleur. |
2. Réponse | Bailleur | Contestation par tout moyen écrit non équivoque. | 2 mois | S'il conteste, le litige peut aller au tribunal. |
3. Silence | Bailleur | Aucune réponse. | 2 mois | Acceptation tacite. Le locataire peut démarrer l'activité. |
4. Litige | Locataire | Saisine du Tribunal Judiciaire si le bailleur conteste. | Après contestation | Le juge tranche le caractère connexe ou complémentaire. |
La déspécialisation partielle est un droit, mais sa mise en œuvre est technique. Assurez-vous que chaque étape est parfaitement maîtrisée.
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